Le Bal des Masques by Alexandre Hos

Auteur:Alexandre Hos [Hos, Alexandre]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Thriller
Publié: 2021-03-01T23:00:00+00:00

Chapitre 14

L’énorme nuage de poussière orangée se dissipa peu à peu. Le chauffeur du 4X4 avait intimé l’ordre de ne pas sortir du véhicule avant que l’air ne se vide du sable et de la terre qui y flottait. Plus les grains tombaient au sol, plus le bâtiment face à Ascalon prenait vie. Il aperçut d’abord la couleur grise de l’usine, ensuite les arêtes saillantes de la tôle, puis les vitres situées au dernier étage – sans doute l’espace bureau – pour découvrir les trois quais de chargements au-dessus desquels on pouvait voir flotter de petits pavillons aux couleurs de Mavrox S.A. Enfin, le sas d’entrée vitré s’éclaira grâce aux rayons du soleil levant. Deux drapeaux vietnamiens et deux drapeaux jordaniens honoraient la petite allée menant à la réception.

Le Français attendit que l’intendant lui ouvre la porte. La chaleur était déjà forte, pesante. Tout comme la moiteur de l’air était déjà presque insupportable. Il n’était pourtant que sept heures du matin. Il aperçut sur le perron Samir Sultan accompagné de deux secrétaires. Deux femmes musulmanes, des Arabes peut-être, voilées, mais d’une modernité extrême.

Samir ouvrit grand ses bras et souhaita la bienvenue à Ascalon. Il était ravi de le voir. Son nouveau partenaire était ce qu’il avait toujours cherché : un homme d’affaires dégageant une puissance refoulée, une brutalité comme il l’aimait, pure.

L’usine était neuve et bénéficiait d’équipements qui auraient fait rougir n’importe quelle entreprise située dans le très novateur bassin niçois. Tout était automatisé et vert. Écoresponsable, comme on dit de nos jours. Cela était étonnant dans un pays aussi arriéré que le Vietnam, industriellement parlant. Tout était conçu pour le bien-être des employés, des ouvriers et même de l’environnement.

Tout naturellement, la visite commença par les installations techniques. La zone de production était découpée en trois parties distinctes. Sur la droite on trouvait l’assemblage, sur la gauche les préparations de commandes. Derrière, un immense hall servait à la fois de zone de stockage de matières premières et de zone d’attente pour les livraisons.

— Et par ici, notre usine secrète commenta Samir qui renvoya les deux secrétaires vers les bureaux.

— Préparez-nous du café et du thé, ordonna-t-il.

— Venez, mon cher Jacques. Je vais vous montrer notre dernière construction, réalisée juste pour notre collaboration.

Par une porte dérobée, sur la droite, on accédait à un long couloir dans lequel, tous les cinq mètres, des panneaux en vietnamien, en arabe et en anglais, indiquaient l’interdiction d’aller plus loin.

— La partie où nous nous rendons est enterrée sous une canopée de dix-mille mètres carrés.

— C’est pour ça que ce couloir est en pente ?

— Oui. Les escaliers sont plus loin. Vous verrez.

Effectivement, quelques dizaines de mètres après, deux volées d’escaliers de quinze marches chacune emmenaient les deux hommes vers une porte blindée. Lorsque Ascalon pénétra dans le hangar, il n’en crut pas ses yeux. De longs bancs de cinquante mètres de long étaient disposés à perte de vue. Une vingtaine d’employées voilées, sans doute jordaniennes, s’affairaient à dépoussiérer les tables et les bureaux. Un transpalette rempli de cartons encore pliés passa.

— Le spectacle va commencer, commenta Samir.

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